+

Ces films que l’on n’a pas vus

Une exposition hommage à Marc Nicolas

Il y avait ces reflets, ces transparences ; souvent.

Mais l'agacement lorsqu’on lui formulait cette remarque, comme si c'était une astuce, un artifice !

Et en effet, quoi de pire que l'artifice, le truc, le faux.

Il est vrai qu’il était idiot de le résumer ainsi, alors on ne le disait plus, même si ça continuait d’être plus facile que de regarder vraiment, que de dire vraiment ce que l'on voyait.

Ici, il y a la juxtaposition, la coexistence.

Cette mannequin, représentante d'une marque de maquillage, de parfum ou de lingerie, digne des héroïnes hollywoodiennes, dents blanches, lèvres rouges, cheveux au vent. On la connait. On sait qui elle est. Elle importe peu.

En même temps, on voit la ville. L'œil n'accommode pas. Tout est net. On voit tout aussi bien cette rue parisienne avec ses immeubles haussmanniens, sa tour, ses voitures à l'arrêt...

C'est en couches mais au même plan. On se trouble un instant de cette simultanéité, de ces deux existences séparées et concomitantes.

Mais s’il n’y avait que ce charme de l'indirect, ce serait cela l'artifice.

Alors qu'est-ce qui trouble, qui mène autre part ?

Ce qui fait vaciller, c'est ce ciel, ce ciel pommelé qui déchire le visage de la femme.

C’est cette réalité qui transperce l’image et balaye le fabriqué.

On a le plaisir de cette icône défigurée et l'inconfort de cette mutilation.

La magie ultime de ces nuages nous annonce que le temps va changer et que tout est de courte durée.

Sarah Manigne