Comme souvent, il m’aura fallu partir pour écrire. Être ailleurs, là où le regard s’enchante à nouveau, comme cet après-midi, du haut d’un balcon ouvert sur le ciel et l’eau, la vue dégagée de toutes contraintes et les pensées libres de s’évader.
Il y a des silhouettes arrêtées, qui regardent elles aussi ; des grands bâtiments au loin, des grues qui s’étirent vers le ciel et les reflets changeants du soleil aux passages des nuages.
Je filme avec mon téléphone un homme et une femme qui traversent main dans la main la grande dalle en contrebas ; quelques notes de guitare espagnole se dégagent des conversations lointaines et de l’ambiance vaporeuse de café qui m’entourent.
L’imagination dessine alors les contours d’un univers reconstitué de souvenirs et de rêves réactivés par cet instant, par les images, les odeurs et les sons attrapés ici et là, comme au premier coup d’œil d’une sélection des images de Marc qui m’étaient familières telles des paysages de réminiscences.
Images à multiples entrées et sorties, aux fenêtres visibles ou invisibles ouvrant sur l’Atlas intérieur de celui qui regarde.
Face à elles, les silhouettes sans visage nous offrent des yeux à regarder au large, de l’autre côté, celui de l’imaginaire et des rêves, vers un horizon calme et serein où s’ouvre alors la possibilité de plonger dans un temps suspendu vers l’infini, tel le plongeur de Paestum éternellement arrêté dans son élan vers l’immensité de l’inconnu.
Eponine Momenceau